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Annexe Environnement (1) et (2) 15/2/2008
Le massif des Monts d'Or qui, de ses 625m (au Mont Verdun), domine l'agglomération lyonnaise est bien plus qu'un simple repère dans l'espace. Bien individualisé -entre la Saône, la plaine des Chères et le tracé de la RN6-,
avec ses 13 communes : Albigny – Champagne - Chasselay – Collonges – Couzon – Curis –Limonest – Lissieu - Poleymieux - St Cyr - St Didier - St Germain - St Romain, il offre sur
près de 7000 ha une étonnante variété de milieux, de sites et de paysages. Cette variété, il la doit en premier lieu à son histoire géologique, facilement lisible sur cette « butte témoin », à sa position géographique qui explique la richesse et la diversité de sa flore et de sa faune, et bien sûr à l'activité humaine au cours des âges : vieux villages, mosaïque des champs cultivés, fronts de carrières...C'est aujourd'hui un territoire bien vivant avec des espaces de nature et de liberté très recherchés des Lyonnais, des villages qui se développent sans cesse et une agriculture qui, malgré son rôle reconnu, se sent un peu étouffée par l'expansion de la métropole lyonnaise.
Nous, associations, qui en apprécions toutes les richesses, souhaitons que celles-ci puissent être connues, utilisées avec sagesse et bénéficier aussi aux générations à venir1. Le Patrimoine géologique des Monts dOrL’attractivité du massif est aussi liée à sa diversité morphologique : ses monts, ses versants en pente douce et ses vallons entrecoupés de petites vallées encaissées. Le contact avec la nature prend du sens quand on fait la relation entre cette diversité et les traces d’activités humaines comme les vieux villages, les fronts de carrière, les tunnels d’exploitation, les cabornes, les galeries de captages…Ce sens prend du relief quand l’intérêt se porte sur la nature des roches et leur histoire.
La lecture des paysages prend appui sur la géologie. Les calcaires des crêtes, les marnes et argiles des versants, par exemple. La limite entre les couches géologiques, ainsi d’ailleurs que la circulation souterraine de l’eau, depuis les calcaires fissurés des monts jusqu’aux couches argileuses aquifères, ont elles-mêmes leurs empreintes sur le paysage.
Comprendre comment s’est formé ce petit massif a un intérêt scientifique et pédagogique majeur; il dépasse largement les frontières des communes concernées. Le Mont d’Or représente en effet un terrain d’étude remarquable, en raison de sa richesse géologique et paléontologique. Les couches sédimentaires et leurs fossiles racontent une histoire, « un voyage au cours du temps » comme cela est montré clairement dans le sentier de découverte géologique mis en place, de Chasselay à Poleymieux. Cette histoire locale est liée à celle des régions (Massif Central, domaine alpin), et même à une histoire géologique plus globale.
En prenant appui sur les observations de terrain : nature, âge et disposition des roches, fossiles indicateurs de milieu et de climat, il est possible de reconstituer les paysages anciens, 240 millions d’années d’histoire, ou la chronologie des événements survenus au dessus du socle cristallin de l’ère primaire. La lecture des séries sédimentaires de l’ère secondaire qui forment la plus grande partie du massif est possible. On comprend aussi la part des phénomènes tectoniques : la fracturation de l’ensemble liée au soulèvement du territoire, le basculement des strates sédimentaires vers le Sud Est, la formation de nombreuses failles : celle qui relie Albigny à Limonest, du Nord Est au Sud Ouest, les failles orientées Nord Ouest - Sud Est ou encore Nord – Sud. Le rôle de l’altération et de l’érosion différentielle des roches conduisant au paysage actuel est aussi à souligner.
Voici quelques exemples de sites exceptionnels à restaurer, aménager ou protéger (parmi environ 60 sites)…. De façon non exhaustive, mais d’une manière qui souligne le fait que toutes les communes peuvent se sentir concernées, est proposé un inventaire présentant les formations, de la plus ancienne à la plus récente. La liste met ici l’accent sur les utilisations des roches ; chaque site peut faciliter aussi la lecture du paysage et la compréhension de son histoire.
= Le socle du Mont d’Or : visible à Chasselay, Limonest (stade) et entre Limonest et Saint Didier par exemple ; l’altération du granite ou du gneiss est à l’origine de l’arène, le gore..
= La série sédimentaire du Trias, Jurassique inférieur, Jurassique moyen :- Les grès, argiles et calcaires du Trias sont visibles en affleurement à Chasselay, Bois des 5 pins, une ancienne production des pierres meulières ou meules d’aiguisage ; citons aussi les calcaires roses de Font Poivre et les grès roses de Saint Didier.
- Le calcaire coquillier du Jurassique inférieur qui est au dessus est visible à Poleymieux ; la pierre a été utilisée pour construire les églises de Saint Cyr et de Saint Didier.
- Les bancs de calcaire à Gryphées du jurassique inférieur (âge 200 à 195 millions d’années), sont à l’origine de la pierre grise visible sur de nombreux murs de maisons (Vieux Lyon, village de St-Fortunat…), les murets, les dalles de marches etc. Voir le pont monolithique des carriers à Saint Didier, Fond Grimaud, la roche percée, le four à chaux de La Glande à Poleymieux.
- Les marnes du Jurassique inférieur (et leurs fossiles marins) qui recouvrent la pierre grise sont observées dans les anciennes carrières de marnes bleues, au niveau des glissements de terrain à La Glande-Poleymieux ; voir les anciennes tuileries de Limonest, de Saint-Romain.
- Les dépôts ferrugineux des marnes et calcaires, aux abondantes ammonites, sont visibles dans des carrières de Saint Romain et de Poleymieux.
- La pierre dorée ou pierre jaune de Couzon du Jurassique moyen (180-175 millions d’années) constitue les parties hautes des monts ; c’est la roche mère des cabornes (voir le sentier de Poleymieux), des murs des maisons du Mont d’or, des encadrements de fenêtres, tunnels et chemins de carriers, trou du Diable … voir Poleymieux (la carrière du Py), Couzon, Albigny....
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Le calcaire ou ciret de la crête (175-170 millions d’années), la formation relativement la plus récente (175-170 millions d’années), est observée dans des carrières à Couzon et Albigny.
Propositions :- Compléter, dans chaque commune, l’inventaire des sites constituant les ressources géologiques.
- Développer les initiatives locales de mise en valeur éducative de ces ressources, dans l’esprit qui est proposé par le syndicat mixte des Monts d’Or. L’intérêt des aménagements fixes, des sentiers géologiques, des parcours thématiques de découverte ne fait aucun doute : nous avons le devoir de ne pas laisser s’effacer notre histoire, celle des roches et celle des Hommes qui lui est partiellement liée.
- Sauver du remblaiement quelques anciennes carrières (pierre à gryphées en particulier), non seulement au titre du patrimoine, mais aussi pour se ménager des points d'extraction de matériaux destinés à la restauration de bâtiments anciens.
- Construire la démarche de développement durable avec les collectivités locales et les associations, en renforçant l’intercommunalité, la vigilance commune et l’organisation d’un partenariat avec les propriétaires de ces sites.2. Préservation des ressources en eauLes Monts d’or, massif montagneux à dominante calcaire, présentent de ce fait un réseau karstique important avec des eaux souterraines. La présence humaine immémoriale a permis la domestication de ces eaux par la construction de nombreux captages. Les premiers connus sont liés à l’aqueduc antique des Monts d’Or. Néanmoins quelques ruisseaux coulent à l’air libre (Rochecardon et ses affluents, Arches et Pomet, le Thou, Chalin-Bruyère, Saint Germain, etc...)
D’après la loi sur l’eau de 1991,
«l’eau et ses milieux aquatiques font partie du patrimoine national, une gestion globale concertée et collective s’impose afin d’optimiser les usages de l’eau tout en respectant les milieux naturels ». Il ne faut pas oublier la présence de zones humides et marécages situés en fond de vallon, les affluents des ruisseaux principaux, et la faune et la flore associée.
Les ruisseauxa) Ruisseau d’Arches et PometLe ruisseau d’Arches d’une longueur de 5400 m
« coule dans un vallon entièrement urbanisé, il n’y a pas d’accès public au ruisseau, si ce n’est que très ponctuellement. Les propriétaires ont dévié le lit du ruisseau, installé des barrages, certains l’ont busé, d’autres ont creusé le lit. Tous se plaignent du mauvais comportement des voisins en amont (…) il s’agit d’un ruisseau privé. Aucune gestion globale (…) les principaux problèmes que l’on peut recenser le long de ce ruisseau sont liés à des aménagements sauvages des particuliers qui peuvent sévèrement modifier les écoulements des eaux de crues. (…) plus on se rapproche de l’aval, plus le lit majeur du ruisseau s’élargit et plus les maisons s’en rapprochent et sont menacées » (dans « Etude et cartographie des lits mineurs et majeurs des ruisseaux Arche, Rochecardon et Thou » / Grand Lyon Mission Ecologie Urbaine – 1997.
Affluent rive gauche du Ruisseau d'Arches,
le Pomet prend sa source au Hameau de la Jardinière ( St-Cyr ). En partie busé, il reçoit, peu avant de rejoindre le ruisseau d'Arches, l'appoint d'une source qui alimente un petit lavoir, où se reproduisent des salamandres.
b) Ruisseau de RochecardonLe ruisseau de Rochecardon
« constitue sans conteste un patrimoine naturel à préserver (…) des zones naturelles où la pente est faible (inférieure à 0,5% ) (…) sont à préserver car ils permettent à l’eau de crue de s’épancher. (…). Une zone aval urbanisée, très encaissée où les particuliers n’entretiennent pas le ruisseau et dont certains ont effectué des aménagements plus ou moins farfelus (…) cela pourrait avoir des conséquences graves et causer des dégâts, étant donné la proximité des habitations ».c) Ruisseau du ThouLe ruisseau du Thou, 5000 m,
« est un ruisseau dont les parties naturelles alternent avec de nombreuses parties canalisées ou busées (…). En aval de la zone (vallon boisé avec de grandes sections de lit) le ruisseau pénètre une zone urbanisée (lieu-dit la Rivière) (…). On retrouve donc plusieurs maisons construites dans le lit majeur.(…). En aval, ce secteur le ruisseau est canalisé dans de vieux ouvrages en pierres jusqu’au niveau d’un ancien lavoir. Le ruisseau coule ensuite dans un fossé plus naturel mais régulièrement busé (…). Ces buses sont insuffisantes et provoquent des débordements. » d) Le ruisseau de Saint GermainIl est canalisé dans un ouvrage de béton au niveau de Font Chalin et a beaucoup perdu de son caractère naturel.
« En cas de crue il est très délicat de prévoir le comportement de ce ruisseau du fait de l’urbanisation très dense (surtout en amont) et si proche du lit. (…) Des témoignages concernant des coulées de boue dans le village sont d’ailleurs là pour appuyer cette thèse. (…) le Saint Germain est, en fait, un fossé plutôt qu’un ruisseau».e) Le ruisseau de Châlin BruyèreCe ruisseau traverse des zones fortement urbanisées. Il alimentait,il y a une dizaine d’années un étang qui a été en partie remblayé à la suite d’un projet d’extension de la ZAC Sans Souci (Des anodontes,moules d'eau douce, caractéristiques d'une bonne qualité de l'eau, ont été entièrement éradiquées à cette occasion). Dans la zone sud de la ZAC Sans Souci, ce ruisseau s’apparente à un fossé. Dans la zone amont, un projet d’extension de la ZAC propose de maintenir le ruisseau en son état naturel actuel, mais en conservant une longue zone de busage existante. Cela est en contradiction avec l’esprit de la loi sur l’eau qui demande de «
respecter le milieu naturel ». Une action interassociative est actuellement menée sans beaucoup de résultat auprès des élus locaux et de la COURLY.
La faune associée aux ruisseauxUne libellule remarquable, caractéristique des cours d’eau de montagne se retrouve fréquemment :
Cordulegaster boltoni. Une vingtaine d’espèces de libellules sont répertoriées dans ces ruisseaux. D’autres espèces d’invertébrés et de vertébrés ont été répertoriées par la FRAPNA, mais la biodiversité s’est, dans les dernières décennies, fortement réduite, suite à un urbanisme pas toujours contrôlé (comme nous venons de le constater).
Dans les zones boisées, chevreuils, blaireaux, rapaces et microfaune ne semblent pas menacés pour l’instant.
Propositions :L’urbanisme « sauvage » des années précédentes entraîne pour tous les ruisseaux des Monts d’Or, de graves problèmes de pollution, due aux défauts d’assainissements des particuliers et aux rejets des eaux pluviales mêlées aux huiles de voiture.
Une autre pollution provient des
pratiques agricoles intensives (avec le lessivage des terres contenant nitrates et autres produits phytosanitaires). Une étude de l’agence de bassin des années quatre-vingt avait montré la présence de nitrates dans le ruisseau de Rochecardon. Une conséquence, passée inaperçue, a été, il y a à peine une vingtaine d'années, la disparition de l’écrevisse à pied blanc, indicateur d'une bonne qualité de l'eau, ainsi que de tout poisson dans ces ruisseaux.
- La Directive Cadre européenne sur l'Eau doit être appliquée. Il s'agit de veiller au respect des sources, à la qualité de l'eau des ruisseaux et surtout à leur intégrité physique: il est primordial pour préserver le fonctionnement écologique des ruisseaux de maintenir leur espace de liberté, de s'abstenir de toute intervention lourde sur leur lit naturel, d'effacer les obstacles à la circulation de la faune aquatique.
- Les busages, les enrochements et déboisements le long des ruisseaux ainsi que le remblaiement des zones humides associées ont réduit la biodiversité de tous ces milieux. Il est nécessaire de retrouver un tracé plus naturel pour tous ces ruisseaux respectant les abords avec ses zones humides et sa ripisylve.
- Il est urgent d’étendre une réflexion du type « projet nature » à l’ensemble du bassin versant constituant chaque ruisseau. Un grand nombre de sources et de ruisseaux mineurs ne sont pas pris en compte (pour le Rochecardon par exemple : ruisseau de Richeran et de Creuse sur Champagne, le ruisseau des Seignes sur Saint Didier …).
- L'acquisition des zones naturelles et bâties en bordure des ruisseaux, insuffisamment mise en oeuvre, pour en faire un domaine public naturel, peut s‘inclure dans une politique de l’environnement en mobilisant, entre autres, des outils comme la taxe pour les Espaces Naturels Sensibles. Le « sentier de Rochecardon » déjà mis en place pourrait ainsi aller de Lyon 9ème jusqu’au cœur des Monts d’Or.
- Au niveau du PLU il est nécessaire de prévoir une réglementation stricte sur le maintien des zones humides, et d'y interdire tout remblai.Les souterrains de captageBien qu'ayant servi pendant des siècles à l'alimentation des hameaux, ils sont trop souvent oubliés. Des puits ont fait, dans les dernière décennies, l’objet de remblaiements; les captages bouchés ont, sous l’énorme pression de l’eau, fait jouer les terrains, des fissures sont apparues dans certaines maisons.
Ils abritent, par ailleurs, quelques espèces d’invertébrés cavernicoles très particulières:
Abyssidrilus cuspis à Poleymieux,
Tubificoides gazarlai, à Collonges. (Ce sont des vers typiques des milieux marins, dont on trouve un proche parent dans l’océan indien : un laboratoire de Lyon 1, d’écologie et hydrobiologie souterraine dirigé par le Professeur Des Chateliers, a étudié ces particularités du Mont d’Or).
Signalons aussi des crustacés cavernicoles, une
batynellidae, découvert récemment (2001) à saint Romain, et deux espèces de
niphargus, niphargus rhenorhodanensis et
niphargus virei. Ce sont des espèces endémiques qu'il convient de protéger.
On trouve également dans les cavités souterraines des Monts d'Or des chauve-souris, dont le «
Grand Rhinolophe », espèce menacée.
Pour ces ensembles de raisons, il est urgent de favoriser une protection de toutes ces zones souterraines y compris les tunnels de carrières.
Propositions :-
Répertorier les réseaux souterrains, les lignes de puits et les protéger, en rendant inconstructible leurs parcours.
-
Empêcher la destruction et le remblaiement des puits, voire les entretenir pour éviter leurs disparitions.
( suite ci-après.....)