je dois beaucoup à Antoine pour la découverte des Monts d'or, notamment celle de la Trêve du ciel un beau jour d'avril, à travers le plus joli parcours qui soit sur Saint Romain ... et je me souviens aussi particulièrement d'une inoubliable découverte de la multitude de plantes et fleurs que nos anciens savaient utiliser, ballade au cours de laquelle Antoine à chaque pas nous montrait à terre dans la haie ou sur l'arbre, c'est à dire de toutes parts, la multitude de richesses que la nature peut nous offrir, un trésor inouï de connaissance et de sagesse que nos aïeux maîtrisaient et pratiquaient si bien ( à un point que je ne soupçonnais pas!) et que nous avons complètement perdu en moins de deux générations, amnésiques, orphelins, " hors sol" dirait Pierre Rabhi.. nous avions tout à portée de la main, et nous courrons maintenant après des biens vides et sans valeur, rares et extrêmement restreints malgré leur excessive surabondance, comme si nous vivions dans un désert..comme si les portes d'un paradis perdu se refermaient sur notre ignorance idiote...
ce fut une révélation, une vraie leçon!...
il est un breuvage lui aussi inoubliable, quasi magique, qui gardait le parfum de ce joli paradis d'antan perdu: celui de la boisson rafraîchissante au sureau qu'Antoine prenait le temps de confectionner au printemps à partir d'un arbre de son jardin, de transporter dans son sac à dos, en ayant pris la précaution d'enfermer la bouteille de verre dans du papier journal pour préserver sa fraîcheur, et qu'il nous partageait pour notre pur délice lors d'une pause de randonnée! cette boisson gourmandise et si divinement rafraîchissante et parfumée était comme la quintessence de ce paysage de charme et de cette nature qu'il nous faisait si bien découvrir, lui qui, avec sa personnalité empreinte de discrétion, de douceur, et de grande générosité, nous partageait son grand savoir, sans réserve..
Quelle peine de voir partir ce cher Antoine, après un combat de souffrance..mais il laisse en nous une empreinte impérissable, et puisse l'élan qu'il a su impulser à l'amour de la nature, des traditions humaines et paysannes, et de ces beaux Monts d'or, perdurer longtemps, très longtemps, et se prolonger dans la pérennité de la défense et de la sauvegarde de ces valeurs..
Si l'on écoute l'écrivain Jean Bastaire, parti vers le Ciel cet été dernier, la nature toute entière ressuscitera dans sa plus pure splendeur à la fin des Temps, pas seulement l'Homme..alors gardons courage: non seulement nous le retrouverons, mais ce sera dans un cadre naturel comme il l'aime et comme nous l'aimons, encore plus merveilleux, magnifié...